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Tolérance Zéro

16 Novembre 2005 , Rédigé par Hubert HURARD Publié dans #www.huberthurard

 Nous ne pouvons pas cautionner la violence gratuite. Nous ne pouvons pas admettre que des pompiers soient pris pour cibles, que des écoles soient ravagées. Si message politique il y a dans ces émeutes urbaines, il se trompe de cibles.

Ne tolérons pas la violence des jeunes mais attention, ne tolérons pas non plus la violence sourde et lente du capitalisme sauvage et du pouvoir d'humilation de l'argent. Cette violence là aussi fait des ravages. Ils sont éparpillés et se voient peut-être moins dans la presse. Pour cette violence là aussi il faut décréter la tolérance zéro !

J'ai été directeur de centre social dans un quartier défavorisé de Limoges. Depuis 2003, l'Etat n'a cessé de diminuer considérablement ses subventions (subventions de fonctionnement et aides aux emlois) aux associations de quartier. Et quand j'écris "considérablement" je pèse ce mot. Le choix fait par Sarkoflic a été de privilégier le répressif. Il y a eu moins d'animateurs, moins d'éducateurs. Des associations n'ont plus pu fonctionner etc etc... Et, pour couronner le tout, la question de la poursuite de la politique de la ville était à l'ordre du jour ces derniers mois. Bref, vingt ans de politique des banlieues nous amène à ce que nous constatons aujourd'hui.

Le rôle des centres sociaux sur les quartiers n'était peut-être pas d'améliorer les conditions de vie des opprimés mais de protéger les centres villes de la gangrène sociale.

Nous avons manqué de courage et d'ambition. Il fallait détruire ces ghettos et proposer des logements et une répartition géographique plus large des populations immigrées. Bien sûr, cela ne coûte rien d'écrire cela... Mais que va t'on faire désormais ? Continuer à faire du saupoudrage ? Laisser ces ensembles HLM ainsi ?

Quand j'entends ici ou là, des personnes bien intentionées, dire et conseiller aux parents de ces jeunes de les garder chez eux et de revoir leur éducation je suis stupéfait. Il faudrait dire à Kader ou à Jean-Claude "éduques mieux tes gamins !" mais voilà, il y a des fois, cela existe, désolé, où Jean-Claude et Kader travaillent à l'usine pour un salaire de misère, font les trois huit, ont des crédits plein le dos, ont du mal à finir les mois. Il y a des cas, cela existe, désolé, où ces familles ne font que gérer des difficultés, où les huissiers et autres créanciers sont leurs seuls contacts, où il faut penser à bouffer et à garder son logement avant de penser à la lecture et aux devoirs du petit Nizar ou du petit Kévin. Bien sûr, on peut jouer aux moralistes mais qui sommes nous pour le faire quand on ne vit pas ces réalités ?

Il est beaucoup plus difficile de sortir tard la nuit pour bûler des bagnoles quand on est crevé d'une bonne journée de boulot. Seulement voilà, le boulot y en a pas souvent pour eux !

De plus, on envoie dans les banlieues les tous jeunes enseignants. Sans formation, sans rien. On a des classes surchargées et on leur demande de veiller à la bonne éducation de ces jeunes. Quelle incohérence quand on sait, sans être sorti de St Cyr, que des enseignants expérimentés, valorisés, feraient parfois un bien meilleur boulot. Quand on sait que l'on ne décourageraient pas nos jeunes profs en les envoyant directement au charbon. Quand on sait que des classes à effectif réduit permettent de mieux travailler etc etc... Avons nous fait ces choix là ? Non !

Ne cautionnons pas la violence institutionnelle et nous aurons encore plus de poids pour ne pas tolérer la violence actuelle. Attention, je ne tolère pas ce qui se passe, loin de là, je dis simplement que je ne tolère pas non plus que l'on opprime les gens depuis tant de temps.

 On impute cette violence aux jeunes des quartiers et seulement aux jeunes des quartiers. Considérant d'où elle provient, je l'impute aux opprimés !

A plus...

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C
Oprimeurs, oprimés, ok , mais après.<br /> <br /> Nous devons vivre ensemble, salarié ou pas, riches ou pauvre. <br /> Les commentaires sont immensément difficiles à propos des évenements nocturnes de ces jours-ci.<br /> Pour ma part, je suis abasourdi par ce qu'il se passe dans les cité en banlieue. Je comprend la rage de ces jeunes, mais je n'accepte pas ces violences et jamais ne les accepterai.<br /> <br /> Politiques, citoyens, acteurs sociaux, ... tous doivent réagir et, si dire non ne semble ne plus servir à rien, alors j'ai envie de dire plus jamais ça !<br /> <br /> Plus jamais ça !<br /> <br /> Cela signifie qu'il va falloir s'interroger sur le sens de nos actions à tous dans chacun de nos rôles.<br /> <br /> Aux politiques de tracer le chemin de nos sociétés, quels projets pour faire quoi, pour fonder quel espoir, pour quels partages.<br /> Aux travailleurs sociaux de s'interroger au sujet de leur action. Sur ce que l'on accepte ou pas. Où est la ligne rouge ? <br /> Ces derniers doivent aussi se repositionner afin de savoir leur rôle. <br /> Trops souvent ils ne sont que des répétiteurs du discours politique officiel.<br /> <br /> Au citoyen de se sentir concerné, pas seulement dans l'indignation que provoque une école en flamme, mais aussi dans le regard sur l'autre, dans l'aceptation de la différence, dans l'aceptation du changement, dans la volonté de partager l'espace social qu'est la République.<br /> Comment faire ? Là je suis sec car changer l'homme ...<br />
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