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Cher monsieur WILLIAMS

14 Décembre 2005 , Rédigé par Hubert HURARD Publié dans #www.huberthurard

Monsieur WILLIAMS,

Je vous écris parce que je pense à vous. Parce ce que je ne vous connaissais pas il y a encore une semaine et que depuis quelques jours, je pense très souvent à vous.

J’aurais tellement aimé pouvoir vous écrire avant. Avant ça. Avant que les hommes se prennent pour Dieu si celui-ci existe. Avant ça, avant tout ça…

J’ai encore beaucoup de mal à comprendre. Pour ainsi dire, je ne comprends pas. Je vais lire les livres pour enfants que vous avez écris. Pour mieux vous connaître, pour savoir un peu mieux qui vous étiez.

S’il y a quelque chose après et où que vous soyez désormais, j’espère que vous êtes heureux… enfin libre. Là où vous êtes, il n’y a peut-être pas d’Homme et ce soir,  je vous le souhaite.

Je vous le souhaite car il m’est difficile d’être humaniste ce soir. Il m’est difficile de croire qu’il y a du bon chez chaque Homme. Ce n’est pas vrai !

Vous avez été assassiné et si jamais nous avions pu faire que vous ne le soyez pas, sachez que je n’ai rien fait.

Vous aviez demandé pardon. Vous vouliez vivre et vous condamniez toute forme de violence. Vous ne deviez pas mourir… Qui donc a eu droit de vie ou de mort sur vous ? Quelle est donc la personne qui pouvait vous sauver de ce poison mortel et qui ne l’a pas fait ? Comment cette personne arrive t-elle à vivre avec ça ? Avec le poids de votre assassina ? Est ce un être humain qui a décidé de ne pas vous gracier ? Sont ce des êtres humains ceux qui encouragent de tels manquements ?

J’ai honte de mon espèce monsieur WILLIAMS. Honte, vraiment honte ! Je suis fatigué de la cruauté, de l’intolérance, de l’indifférence… Je suis fatigué de ces égoïsmes, de ces êtres toujours tournés vers eux-mêmes et continuellement tournés vers eux-mêmes. Aujourd’hui Stanley, (je peux vous appeler Stanley ?), on ne s’écoute plus, on ne se regarde plus… On ne défend que ce qui nous touche de près. On pleure sur nos petits soucis de la vie quotidienne,  on se laisse emmerder par un con de banquier, on pleurniche sur des conneries, on pleurniche trop souvent sur des conneries…

Vous savez Stanley, j’espère vraiment que là où vous êtes il n’y a pas d’Homme.

Aujourd’hui, figurez vous que vous êtes taxés d’utopique ou de révolutionnaire quand vous pensez que l’on pourrait vivre heureux tous ensemble sur cette petite planète. Oui Stanley, vous êtes utopique quand vous pensez que l’économie est un sous système qui doit être au service de l’individu, pour que celui-ci vive mieux et pas moins bien. On nous a tellement formaté, on nous a tellement fait croire que nous ne pourrions rien changé à ce monde que beaucoup d’entre nous en sont encore persuadés, résignés…

 Mai moi Stanley, je suis vivant et je ne peux pas faire comme si cela ne me touchait pas. Je ne peux pas faire comme si rien n’était possible. Il n’est pas question de plier l’échine devant tout et de croire que je n’ai aucun pouvoir. J’ai le même pouvoir que le connard qui a fait croire à tout le monde que le monde était désormais comme ça, impitoyable, et que l’on n’y pouvait rien changer. J’ai le même pouvoir que lui. Il a fait des adeptes. Et bien j’en ferai aussi… et tu sais quoi Stanley, et bien je suis bien content de pouvoir penser cela à trente et un ans… et ce serait vraiment bien que je le pense encore à quarante, puis à cinquante… le combat est immense. Il semble sans fin, soit. Mais même si j’ai honte ce soir, même si j’ai honte des Hommes, je suis quand même certain que beaucoup d’entre eux ne se résignent pas. Je suis certain que beaucoup y croient et qu’ils n’attendent qu’un déclic pour agir. Et puis il y en a tellement qui font déjà tellement…

Mon cher Tookie, tu es mort ou tu vis ailleurs, je ne sais pas. Mais je voulais simplement te dire que je vais essayer de ne pas t’oublier. Et puis je vais essayer de changer les choses, même si ce ne sont que de minuscules choses. Je vais essayer car je suis vivant et bien vivant et que je te dois bien ça.

 

A plus Tookie…

 Hub

 

 

Pour info : Le sort de Stanley Williams, alias "Tookie", 51 ans, fondateur d'un gang de rues en 1971 à Los Angeles et condamné en 1981 à la peine capitale pour le meurtre de quatre personnes, était entre les mains du sale con de fils de pute qu’est le gouverneur républicain Arnold SCHWARZENEGGER. Il a été exécuté mardi matin à 00h35 !

Depuis sa condamnation, Stanley Williams a renié son passé, écrit des livres pour enfants et milité contre la violence, le tout de sa cellule du pénitencier de San Quentin, près de San Francisco.

Six cent quarante-sept personnes, 633 hommes et 14 femmes, se trouvent dans le couloir de la mort et 11 ont été exécutées depuis 1978 en Californie, où aucun condamné à la peine capitale n'a été gracié depuis 1967. 

 « En un clin d'oeil / La Peine de mort dans le monde - Chiffres 2004

5476
exécutions capitales dans le monde
131 de moins qu'en 2003

1. Chine 5000 exécutions (enfin, doit y en avoir beaucoup plus !)
2. Iran 197 exécutions
3. Vietnam 82 exécutions
4. USA 59 exécutions

58 pays maintiennent la peine de mort dans leur législation - 61 pays en 2003.

25 pays ont procédé à des exécutions capitales.

Le Tadjikistan a aboli la peine de mort le Liban, l'Afghanistan, l'Inde, l'Indonésie et l'Autorité palestinienne ont repris les exécutions.

 La Chine, championne du monde des exécutions
C'est le cas du pays champion du monde des exécutions capitales, la Chine, qui déclare officiellement 5000 exécutions à elle seule. Mais ce chiffre est assurément beaucoup plus important, deux fois plus sans doute si on en croit un député
chinois cité par l'association, qui avance le nombre inimaginable de 10 000 mises à mort en 2004. »

 

 

 Quelques mots sur la peine de mort :

 Ses partisans avancent souvent l’argument de l’exemplarité : cela dissuaderait les assassins. Notons tout de suite que toutes les études prouvent le contraire : l’abolition de la peine de mort n’a jamais entraîné une recrudescence de criminalité et son maintien ne se justifie donc pas ; d’ailleurs, si la peine de mort était vraiment aussi efficace, cela ferait longtemps qu’il n’y aurait plus de meurtres – ce qui n’est malheureusement pas le cas (probablement parce que l’on espère toujours n’être pas pris lorsque l’on commet un forfait). La dissuasion fonctionne sur le principe de son non-emploi et le recours à la peine capitale est donc un aveu d’échec...

 

La peine capitale est une application légale de la peine de mort, qui constitue le châtiment physique sous sa forme la plus sévère.

       La peine de mort paraît avoir existé dès l'apparition d'une justice pénale organisée ; les documents historiques les plus anciens en font déjà mention. Ainsi, le Code de Hammourabi, roi de Babylone (XVIIème siècle av. JC), prévoit la peine de mort pour une trentaine de crime différents.
      Malgré la Maxime Ecclesia abhorret a sanguine ("l'Église a horreur du sang"), l'Église catholique n'a jamais condamné la peine capitale. Au contraire, de nombreux théologiens ont incité sur le fait que la peine de mort pouvait être une sanction nécessaire, notamment à l'égard des hérétiques afin de prévenir la diffusion de leurs idées dangereuses et protéger le peuple de Dieu. Toutefois, tout en jouant un rôle important dans la poursuite des hérétiques avec l'inquisition, l'Église se refusait à appliquer elle-même le châtiment suprême et, une fois qu'elle avait déclaré coupable un accusé, celui-ci était remis au roi ou au seigneur, bras séculier, chargé de prononcer la sentence de mort et de l'exécuter.

 En France, au Moyen Âge, même s'il n'existait pas de droit pénal unifié et si chaque coutume possédait ses particularités, les infractions généralement punies de mort étaient, outre les crimes contre la religion (hérésie, sorcellerie, blasphème, etc.), le meurtre, le viol, l'incendie, le vol et la fabrication de fausse monnaie ainsi que le crime de lèse-majesté (porter atteinte à la personne du roi). Avec l'instauration de la monarchie absolue, le nombre de crimes punis de mort augmenta considérablement (115 au milieu du XVIIIème siècle) ; à cette époque, seule l'Angleterre connaissait un système plus répressif avec, vers 1800, plus de 200 "crimes majeurs" entraînant chaque année une moyenne de 1000 condamnations à mort (bien que la plupart des sentences fussent commuées en vertu d'une grâce royale). Hérité du droit romain, le droit de grâce, réservé au souverain, permettait cependant d'échapper à la sentence dans certains cas.
     La peine de mort est appliquée, depuis bien longtemps dans le monde. Dans les anciennes sociétés, il était de coutume de venger celui qui avait été tué, en tuant l'auteur de ce crime.

 

Extrait de la dépêche AFP du 13 Décembre 2005.

« Le condamné à mort Stanley Williams a été exécuté en Californie

13/12/2005 11h09

SAN QUENTIN (AFP) - Chef de gang devenu apôtre de la non-violence, Stanley Tookie Williams a été exécuté mardi matin au pénitencier de San Quentin, après avoir passé 24 ans dans le couloir de la mort où il était devenu un symbole, et épuisé ses ultimes recours.

Williams, condamné à mort en 1981 pour le meurtre de quatre personnes deux ans plus tôt à Los Angeles, a été exécuté par injection létale et déclaré mort à 00H35 (08H35 GMT), a indiqué une porte-parole de l'administration pénitentiaire lors d'une conférence de presse.

Selon le récit de Steve Lopez, un journaliste du Los Angeles Times qui a assisté à l'exécution, Williams "s'est laissé faire sans résistance", et a "levé la tête à plusieurs reprises" alors que les employés du pénitencier l'attachaient au fauteuil pour lui administrer la solution mortelle.

L'exécution de Williams était initialement prévue à 00H01, mais elle a pris du retard en raison de difficultés des bourreaux pour trouver une veine dans son bras, selon le récit d'autres journalistes, dont 17 avaient été autorisés à assister au supplice.

Plus d'un quart d'heure s'est déroulé entre le début du processus proprement dit et la mort. Une fois le décès constaté, des proches de Williams ont crié "la Californie a tué un homme innocent", tandis que Laura Owens, la belle-mère d'une des victimes, éclatait en sanglots.

Moins de six heures avant l'heure fatidique, la Cour suprême des Etats-Unis avait rejeté une demande de sursis, dernier espoir après le rejet d'une demande de grâce par le gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger.

Plusieurs milliers d'opposants à la peine de mort, criant des slogans et brandissant des pancartes, mais aussi priant face à des bougies, s'étaient rassemblés lundi soir devant la prison, à 30 km au nord de San Francisco. Parmi eux, la chanteuse Joan Baez.

A l'annonce de l'exécution, la foule a laissé éclaté sa colère. "C'est fini, mais ce n'est pas fini", leur a déclaré le révérend Jesse Jackson. "Nous n'allons pas oublier", a renchéri Barbara Becnel, qui avait collaboré avec Williams pour écrire ses livres et a assisté à l'exécution. "J'ai une mission. Je vais prouver que Stan était innocent et que le gouverneur Schwarzenegger est un meurtrier de sang-froid", a-t-elle dit. 

Selon le gardien-chef de San Quentin, Williams n'a pas prononcé de derniers mots et n'avait pas non plus demandé de dernier repas.

 

Des centaines de journalistes couvraient l'événement. L'affaire "Tookie", fondateur d'un gang des rues à Los Angeles en 1971, avait rencontré un écho international du fait de la personnalité de ce détenu noir.

Williams, qui a toujours clamé son innocence, s'était en effet reconverti en prison comme militant contre la violence, a écrit des livres pour enfants et avait même été proposé pour le prix Nobel de la paix.

Agé de 51 ans, il avait reçu le soutien d'organisations de défense des droits de l'Homme comme Amnesty International, de responsables religieux et de nombreuses célébrités.

Mais M. Schwarzenegger, partisan de la peine de mort, a refusé lundi de commuer sa peine en prison à vie, comme lui seul en avait le droit, et cela malgré l'émergence d'un témoignage d'un ancien prisonnier affirmant que Williams avait été victime d'un montage de la police.

"Les affaires de grâce sont toujours difficiles et celle-ci ne constitue pas une exception. Après avoir étudié les preuves, fait des recherches historiques, entendu les arguments et avoir envisagé les conséquences, je n'ai trouvé aucune justification pour accorder une grâce", a indiqué l'ancien acteur devenu homme politique.

Jesse Jackson avait estimé sur CNN que le gouverneur avait choisi "la revanche plutôt que la rédemption". Jackson, qui venait de rencontrer Williams pendant 25 minutes à la prison, a indiqué que le condamné "avait un sentiment de paix" et ne voulait pas de "réactions violentes dans les rues".

Aucun condamné à mort n'a été gracié depuis 1967 en Californie, quand Ronald Reagan, alors gouverneur de l'Etat, avait sauvé de l'exécution un condamné atteint de maladie mentale. »

un lien vers un blog : http://stanley-williams.skyblog.com/

 

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D
Triste humanité en effet. ton article résume mes sentiments également. On semble, chaque jour un peu plus, toucher le fond.
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