Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

De la critique à la proposition

16 Juin 2019 , Rédigé par Hubert HURARD

 

Du PS vers la FI… 

 

Si j’ai quitté le Parti Socialiste à peu près en même temps que Mélenchon ce n’était pas parce que j’avais cessé d’être socialiste mais parce qu’à mon avis le parti avait alors cessé de l’être. Le PS était devenu un parti de seigneurs féodaux et de vassaux au sein duquel il n’y avait plus aucun débat. Il était devenu une coquille vide, un répertoire que Hollande, Valls et leurs courtisans nationaux comme locaux ont fini par flinguer sur l’autel d’une politique « résigniste » qui n’avait plus rien à voir avec l’idéal de Jaurès. Les cocus se comptaient à la pelle ! 

 

Et la FI remporta la victoire du vote utile 

 

Lorsque le projet de La France Insoumise est apparu ce fut alors une opportunité pour celles et ceux qui voulaient continuer à se battre pour plus de justice sociale et environnementale. Tout socialiste pouvait, j’en étais convaincu, se reconnaître dans le projet et la démarche. 

La campagne des présidentielles fut d’ailleurs exaltante et porteuse de nombreux espoirs. Celle des législatives fut certes exténuante pour le candidat mais elle mit en mouvement de bien belles personnes au service de bien belles idées. La FI gagna le combat du vote utile et récolta près de 20 % des suffrages. Un score peut-être désormais qualifié d’historique.

 

À vouloir être trop gazeux, on implose ! 

 

Seulement voilà, fonctionnement et stratégie à la FI n’ont pas fait l’objet de débats internes. 

Un mouvement comme celui de La France Insoumise ne peut supporter plus longtemps l’effroyable distance entre les intentions de son projet et son mode de fonctionnement actuel. Là où la culture du chef, des lieutenants et des courtisans est presque traditionnelle au sein de nombreux partis politiques l’ADN même de La France Insoumise exigeait en effet un autre mode de fonctionnement.

 

Si la nature de l’élection présidentielle sous la Vème République nécessitait l’incarnation du projet par une femme ou un homme il n’était cependant pas pertinent, on vient de le voir encore une fois, les campagnes présidentielles et législatives passées, de privilégier et d’imposer le fonctionnement gazeux si cher à Jean-Luc Mélenchon et à ses portes flingues. 

 

Comment critiquer de l’intérieur quand il n’y a en effet au sein de la FI aucun espace de débat interne si ce n’est quelques simulacres d’exégèses au sein des groupes d’appui qui ne peuvent de toutes façons pas impacter le fonctionnement du mouvement ?

Il y a ici la volonté d’une verticalité nationale et d’une horizontalité locale excluant toute audibilité médiatique régionale et proscrivant toute initiative qui ne se serait assuré le soutien de tous les autres groupes tant la culture de l’unanimité est encouragée par l’absence de règles. 

 

Tous porte-parole inaudibles ! Voilà le choix de fonctionnement gazeux qui est encore celui de la FI après l’échéance des élections européennes. 

 

 

…mais

 

Au soir du premier tour, avant la prise de parole de notre candidat alors à la mine chagrine et aux airs de Caliméro, nous pouvions raisonnablement penser que notre projet et que notre méthode pourraient encore séduire. Mélenchon, en excellent tribun cultivé, nous avait entrainé dans une dynamique. 

Elle perdit de son éclat électoral en seulement quelques jours quand, en refusant de tomber dans le piège média-Macronique, Mélenchon refusa simplement de dire aux 8 - 10 % de son tout frais électorat bo-bo qu’il allait pourtant voter Macron. Force est de constater que la politique répressive de M. Macron lors des manifestations du 1ermai et surtout lors des actes Gilets Jaunes lui ont donné raison tant cette violence policière sera inexorablement opposée aux arguments qui voudront faire du Rassemblement National une menace sécuritaire. J’entends d’ailleurs déjà les « avec eux ce ne sera pas pire ». 

 

Le projet l’Avenir en Commun est le meilleur projet de société actuellement. Le plus ambitieux, le plus juste socialement, écologiquement et économiquement. Il porte l’ambition de la culture et de l’éducation et place l’Homme au centre de tout. Il suffit de le lire ! 

 

Mais comment avons – nous pu laisser s’effriter l’espoir naît de ce projet en si peu de temps ? De surcroît dans un contexte où toutes les autres forces politiques dites de gauche sombraient ? 

 

Comment JLM a-t-il pu oublier le piège et tomber dedans ?

 

Il était évident pour chacun de nous que notre adversaire le plus coriace avait de solides ramifications dans les médias et que ceux-ci, à l’aguet, ne nous passeraient pas la moindre erreur ou la moindre approximation. Quand l’intérêt du capitalisme dérégulé est sa survie il va de soi qu’il n’a qu’une idée en tête, exterminer dans l’œuf toute tentative de lui faire rendre gorge. 

À ces fins, quelle meilleure arme pour le capitalisme pro Macron que la presse qu’il s’est payée ? Quelles meilleures troupes que ceux qui la servent avec zèle et loyauté ? Ses moyens sont considérables. Son influence sur les esprits encore bien trop importante. 

 

Face à elle, la stratégie de Mélenchon, Chikirou et autres Bompard et Corbière, seuls habilités à décider, a été celle du passage en force permanent et tonitruant !

Tout bon rugbyman sachant qu’un match ne se gagne qu’en alternant finesse et force j’en déduis qu’ils ne trouvèrent pas ici leur inspiration.

 

Insoumission V/s Résignation ou quand la résignation se croit vérité

 

Attachés aux valeurs portées par la gauche nous avons laissé l’appareil médiatique nous discréditer. Nous aurions pu, nous aurions du bien davantage opposer leur « résignisme » à l’extrémisme et au radicalisme dont ils nous affublaient.  Ne pas l’avoir assez fait c’était négliger le poids énorme de faiseur de conscience que la presse joue dans la sphère idiocratique. Le poids de l’immédiateté et de la sémantique. 

 

Insoumis, nous n’avons pas su stigmatiser les résignés et le modèle docile qu’ils prônent et qui mènera nos sociétés dans le mur du fascisme. Nous avons laissé salir notre projet et assimiler notre insoumission à une doctrine de doux rêveurs. Il n’en fallait alors pas davantage aux auto déterminés savants bobos de bonnes familles, qui n’ont jamais ouvert une page de notre projet, pour nous excommunier et pour jeter l’anathème sur les combats que nous menions. 

 

Surtout Insoumis ne faîtes pas ce que je dis…

 

Sans instance et sans organisation, nous n’avons jamais pu faire remonter au siège de la FI la désapprobation que beaucoup d’entre nous ressentaient de l’épisode calamiteux des perquisitions et de La République c’est lui. 

Nous n’avons pas pu dire notre opposition et nos griefs concernant la place trop importante laissée à l’influente madame Sophia CHIKIROU concernant notamment ses responsabilités dans la gestion des campagnes électorales de la FI et dans la gestion de la communication spécifiquement. 

Nous n’avons pas pu condamner le fonctionnement interne si peu démocratique quand Francois COCQ a été exclu sans même pouvoir se défendre. Idem quand cela a concerné Thomas GUÉNOLÉ qui vient d’entreprendre une procédure en justice qui pourrait bien finir d’assommer le mouvement. 

Nous n’avons pas eu notre mot à dire sur la désignation de nos candidats aux Européennes alors que nous savions pertinemment que monsieur BOMPARD et consorts avaient maquillé un choix très politique en une pseudo transparence. 

Pas de débat sur la méthode ou sur la stratégie qui s’est d’ailleurs révélée calamiteuse. Rien, nada ! Tout vient d’en haut, même les erreurs de vouloir adapter à d’autres scrutins ce qui n’avait de sens politique que pour la présidentielle. Le départ de Charlotte Girard a une portée aujourd’hui bien plus symbolique que politique . 

 

Et maintenant ?

 

Le mouvement doit s’organiser. Les forces dites « de Gauche » représentent à peu près 30 % de l’électorat aujourd’hui. Refaire l’union de la gauche ne fonctionnera pas. Les partis ne peuvent plus porter à eux seuls l’adhésion du peuple. 

Je suis convaincu désormais que l’exemple viendra des initiatives locales. C’est du local, de la base, qu’organisation et projet devront trouver une cohérence et un écho. Seuls des processus sincères et concomitants de conscientisation, de participation et de mobilisation des habitants dans une démarche d’éducation populaire pourront non seulement être porteurs de sens pour tous les habitants d’une ville, d’une agglomération ou d’un département mais il faudra de surcroit que le projet ne soit pas une somme de vœux pieux descendants de l’élite vers les habitants. Si la victoire reste possible. Si nous voulons la défaite des droites de ce pays dans nos villes pour rétablir plus de justice sociale et environnementale alors il faudra que nous nous donnions les moyens de co-construire, d’être fidèles à des engagements, de ne pas reproduire les erreurs du passé, de ne pas faire preuve d’orgueil ou de dogmatisme. Il ne faudra pas que ceux qui ont saboté les projets d’hier se pensent légitimes ou ragaillardis par les derniers scores bien décevants pour tout le monde du dernier scrutin pour conduire les projets de demain. Il ne faudra pas que les partis pensent selon leurs anciens logiciels. Qu’ils aient le bon sens et l’audace pour certains de penser désormais autrement. De mauvais choix en juin engendreront ipso facto de bien mauvaises conséquences en mars. 

 

Les petits calculs politiques et les petites discussions ou même tentatives de pression et de négociation appartiennent désormais au passé. Il serait regrettable que tous les chefaillons des petits clans ne s’en rendent point compte.  Il faut changer notre façon de faire de la politique. Seule la sincérité, aussi bien dans le projet que dans la démarche, ne pourra être le gage de réussite. 

 

À Limoges, pour Limoges et son agglomération, nous pouvons avoir de l’ambition et battre toutes les droites en mars prochain. La victoire d’Émile Roger LOMBERTIE en 2014 est un accident. Alain RODET et son système clientéliste avait trop tiré sur la corde. Nous savons tous que monsieur LOMBERTIE n’a pas réuni autour de lui de quelconque ferveur mais que monsieur RODET et son système ont perdu. Ce ne sera certes pas facile de reprendre cette ville et cette agglomération pour leur donner l’éclat d’une ambition pour tous ses habitants mais ce sera impossible si chacun y va de sa propre ambition. Les partis, pourtant indispensables à la vie politique et au maintien de la démocratie, ne peuvent plus jouer au tout pour le tout pour exister ou au tout pour le tout pour ne pas mourir. 

Les petites stratégies locales ne peuvent être la première pierre d’un succès. La victoire reposera sur un projet citoyen au sens noble du terme c’est-à-dire d’un projet prenant enfin en considération que Limoges c’est aussi ses quartiers et que la petite intelligentsia locale ne pourra plus continuer à s’octroyer la seule légitimité de penser le bien pour le reste de la population sous couvert d’expérience, de niveau d’étude ou de codes communs. 

 

Il est fini le temps de l’hégémonie des partis, de leurs certitudes et de leur posture souvent arrogante selon qu’ils soient arrivés ou pas en tête à des élections européennes ou aux précédents scrutins. Le seul challenge à relever c’est celui de la loyauté à un projet et à une démarche. La loyauté pendant six ans à des engagements clairs mais aussi l’engagement du renouvellement, celui du non cumul et de la transparence. Toutes celles et ceux qui pourront se retrouver sur le projet et sur la démarche réuniront les conditions de la victoire. Toute autre posture has been sera non seulement bien pathétique mais sera aussi le gage de la défaite. Or, les habitants de Limoges, de son centre-ville et de ses quartiers méritent un projet sincère, ambitieux et cohérent. Il n’y a pas plusieurs Limoges comme semble le considérer la politique pro centre-ville de M. Lombertie mais un seul. 

 

Puisque tous les élus précédents, à peine élus et déjà en campagne, n’ont pas eu l’audace de ne faire qu’une seule et belle ville et de la faire rentrer avec sa jeunesse et son histoire dans le XXIème siècle. Et puis parce que le conservatisme de gauche a échoué - le pire des conservatismes - et parce que dans un monde disruptif et mutationnel où la complexité s’intensifie il ne sera jamais aisé d’agir dans une ronde de certitudes il deviendra primordial d’unir demain toutes les bonnes volontés au service des habitants de cette ville, d’où qu’ils soient. Ce sont le projet et la démarche qui seront la victoire. Ils sont l’objectif. Pas le moyen. 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article