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MÉLENCHON EST MORT !

5 Février 2018 , Rédigé par Hubert HURARD

En vidéo ici : https://www.youtube.com/watch?v=Zib9Sx7eDN8&feature=youtu.be

 

 

MÉLENCHON EST MORT ! Enfin, pas trop non plus... 

 

Que n’ai-je entendu sur Jean-Luc MELENCHON depuis quelques années, depuis quelques mois ? Les commentateurs, les journalistes, celles et ceux qui commentent les commentateurs et puis un ami, un parent, un voisin. Tout le monde y va de son avis, de son analyse.

« J’ai voté pour lui mais c’est fini, son attitude au soir du premier tour m’a beaucoup déçu ». « Ses idées sont bonnes mais il est trop impétueux pour gouverner » ou bien encore « Il est brillant, c’est le plus cultivé de tous mais son programme est utopique » et bien entendu sur l’éternel Venezuela « je ne peux soutenir quelqu’un qui défend la dictature de la révolution Bolivarienne ».

Et puis il y a les médias, Nathalie SAINT-CRICQ cheffe du service politique de France 2 qui a semble t-il lancé sa fatwa médiatique contre le député et puis Patrick COHEN, ex France Inter et désormais sur Europe 1 puis Léa SALAMÉ, sur France Inter et sur France 2 et j’en passe et des meilleurs comme François LENGLET, ex BFM Business et désormais porte-flingue de Nathalie SAINT-CRICQ, qui, sous son sourire, nous ferait passer l’économiste libéral qu’il est pour le gentil marchand de sable.

 

MÉLENCHON est clivant. MÉLENCHON pousse des coups de gueule. MÉLENCHON n’appelle pas à voter MACRON, sacrilège ! MÉLENCHON passe à côté de son « Émission Politique », MÉLENCHON par ci, par là…

Oui, je fais partie de ceux qui pensent qu’il aurait dû appeler à voter MACRON entre les deux tours de la présidentielle. Parce que certains d’entre nous n’ont pas le choix des combats qu’ils mènent et que le Front National est un parti anti Républicain pour qui les minorités, les homosexuels, les exilés, les français plus mats que les autres n’auraient eu que la peur et la menace pour avenir. Parce que politiquement il n’avait rien à perdre à appeler à voter MACRON et que cette attitude nous a surement fait perdre des voix aux législatives. Il n’en aurait pas perdu, ou beaucoup moins, en appelant à voter MACRON.

En politique, malheureusement, il est des instants où il ne faut pas compter sur le bon sens collectif et sur l’analyse universelle. Les plus conscientisés d’entre nous ne se sont pas arrêtés à cette posture du premier tour mais pas les autres. Or, les 19,58 % de suffrages qui se sont portés sur sa candidature ne sont pas uniquement constitués de « gens de gauche » tels que nous les voyons aujourd’hui investis à la France Insoumise. Il y a eu de nombreux électeurs socialistes qui ont voulu voter « utile », des électeurs Verts, pour les mêmes raisons, des électeurs de centre droit et de centre gauche qui ont été séduits par le discours, par la campagne, par le projet. Ces électeurs ne sont pas des militants de gauche. Ils ont pour la plupart une sensibilité de gauche mais ils oscillent entre ce qu’ils nomment une « gauche de gouvernement » et une « gauche sociale et humaniste ».

La France Insoumise a du mal parfois aujourd’hui avec son mode de fonctionnement et puis il faut dire aussi que c’est grâce à ce mode de fonctionnement spécifiquement qu’elle rassemble et qu’elle mobilise. L’élection présidentielle a exigé une organisation verticale. Désormais, par peur peut-être de tomber dans les stratégies individuelles qui ont fait le bonheur de l’abstention, elle adopte un fonctionnement très horizontal. Et puis voilà que surgissent  aujourd’hui les « communistes Insoumis » ! Micro mouvement à l’intérieur du mouvement qui, sous de faux prétextes de vouloir rassembler ou d’apporter une nouvelle sensibilité ou bien encore de ne pas laisser trop d’hégémonie au Parti de Gauche (qu’il n’a pas et qui heureusement était là pour accompagner financièrement la France Insoumise) n’a en fait d’autre rôle que d’être au service d’égos ou d’ambitions individuelles. A quand les Verts Insoumis ? Les catholiques Insoumis, les Vegans Insoumis etc etc… ? Pathétique !

La France Insoumise s’est en partie bâtie sur les friches d’un Parti Socialiste qui n’avait plus de socialiste que le nom et qui n’était plus qu’un parti d’élus et de petites Baronnies électoralistes où les militants étaient devenus au fil des années des adhérents avant d’être réduits à la seule fonction de manger la galette ou de coller les timbres. La France Insoumise a su mobiliser et conscientiser celles et ceux qui voulaient se mêler de ce qui les regardait, c’est à dire de politique, c’est à dire de leur avenir et de celui de leurs gosses. Toutes celles et tous ceux qui voulaient construire un projet ont pu le faire, sans dogmatisme, sans allégeance à un quelconque suzerain. Un projet qui émanait de la base, du terrain, des difficultés rencontrées et qui proposait, et qui propose encore, de placer l’Homme au centre d’un projet de société.

 

Dans notre société de communication à l’extrême où le moindre fait divers est connu de tous et devient, selon le niveau d’émotion collective, le sujet d’un projet de loi. Dans cette société de communication où l’analyse s’efface devant la nécessité de réagir vite et surtout avant les autres. Dans cette même société où tout le monde doit nécessairement avoir un avis sur tout et l’exprimer à tous sous peine de passer pour un idiot ou un ermite c’est le culte de la petite phrase qui règne et qui l’emporte sur la réflexion. Et c’est ainsi que tout un projet humaniste, social et environnemental a été jeté aux orties par celles et ceux qui n’ont vu en celui-ci qu’un de ses porte-parole ou pire qu’une posture parmi des milliers d’autres. Ceux-là même qui critiquent le fonctionnement de nos institutions et notamment l’élection présidentielle qui a comme caractéristique de personnaliser à outrance un projet politique ne regardent plus ledit projet quand son porte-parole a tout d’un coup un mot ou une posture qui déplaît à leurs petits principes. Allez construire quelque chose avec ça ! 

Les ingrédients de la victoire politique sont désormais : Un phrasé tout doux, un regard bienveillant, une belle cravate et quelques mensonges qui rassurent. Maintenant, pour gagner, c’est à dire pour obtenir davantage de suffrages, il faut être résigné et dire que l’on va réformer ! Car peu importe que votre voisin souffre, peu importe que des gamins dorment dehors, peu importe que les infirmières n’en puissent plus, peu importe que les retraités ne puissent plus joindre les deux bouts, peu importe que notre jeunesse ne soit plus maître de son destin et n’ai le droit qu’à la précarité non, il faut penser « mondialisation » économique et impossibilité d’en sortir. Vous rêvez d’autre chose ? Alors vous êtes un gauchiste, un rêveur, pire, un Mélenchoniste ! Ce n’est pas MACRON, ce n’est pas WAUQUIEZ, HOLLANDE ou leurs majorités qui sont les coupables d’une société où seuls les nantis s’en sortent ! C’est la majorité d’électeurs résignés qui ne pensent soit qu’à leur gueule soit qu’à l’image pseudo-instruite ou pseudo - intelligente dont ils croient se doter en affirmant qu’ils sont pour le libéralisme économique le bien nommé ou si vous préférez sa définition, le chacun pour soi ! Et oui, je suis libéral sonne mieux que je suis égoïste ! Et désormais c’est devenu « je suis En Marche » qui sonne mieux que « je suis Libéral ».

Quel manque de courage pour certains, quel manque d’analyse, quel manque de générosité, quel manque d’altruisme, quel manque d’humanisme pour d’autres ! Ils me font penser aux tordus qui disent « je ne suis pas raciste, j’ai un ami arabe ». Eux, ils disent, « je ne suis pas libéral mais il y en a qui abusent quand même ». Absence de culture et déni d’une société qui irait bien mieux si nous pensions chacun au bonheur de l’autre.

MÉLENCHON a eu le mérite de sortir d’un parti qui était, jadis certes, une machine à gagner les élections pour co-bâtir un mouvement dont il ne pouvait prédire s’il aurait un quelconque avenir. On peut bien lui reprocher des choses et ne pas être d’accord avec lui sur tout. Mais on peut lui reconnaître ses combats pour celles et ceux qui souffrent. On peut lui reconnaître sa détermination et sa constance. On peut lui reconnaître sa ferveur et son attachement pour la République et pour la laïcité. On peut lui reconnaître d’être en première ligne et de prendre des coups là ou d’autres qui critiquent ne se sont jamais bougés de leur confort pour agir.

Il est attaqué sur le Venezuela alors même que tous nos dirigeants dressent le tapis rouge aux dictatures les plus sanglantes depuis des années. Il est attaqué sur ses « coups de gueule » alors même que d’autres construisent un monde pourri mais le font d’une façon policée. La bien-pensance de l’élite médiatique et politique autoproclamée se régale à instrumentaliser le peuple qui, pour partie par son ignorance et son indifférence, s’honore à se faire le protecteur et l’adepte de ses propres bourreaux. C’est affolant ! Cet « entre-soi de gourous nantis » a trouvé en MÉLENCHON un os qu’il donne à ronger à ses disciples dès que la révolution murmure. Le projet fait peur alors on stigmatise son porte-parole puis on lui prête aisément ses propres défauts. Société du fait divers et de la petite phrase. Ce n’est plus le fond qui compte mais seulement l’écume de la communication.

Où sont passés le libre arbitre et l’esprit critique ?

Et bien ils sont en voie d’extinction et tout est fait pour cela. L’école a de moins en moins de moyens et là où ils mettent deux enseignants par classe en CP ils prennent le second dans d’autres écoles. Le service public d’information est démantelé. Les stations de France 3 sont abandonnées, les services d’investigations de France Télévision sont de moins en moins financés par l’Etat. Moins d’argent c’est moins de qualité et moins de qualité c’est vous inciter à regarder BFM ou autres chaînes d’industriels pro capitalisme sauvage.

Regardez ce qu’est ce que nous devrions appeler une société de progrès : L’école recule, l’hôpital recule, la justice recule, les associations sont de moins en moins aidées, les services publics ne sont plus assez présents pour des contrôles et c’est la part belle à Lactalis et à la Salmonelle, les gens travaillent dur et ne peuvent rien s’offrir quand bien même ils arrivent à payer les factures. Et puis dans le même temps nos élus poursuivent la financiarisation de l’économie à outrance. L’ISF est aboli. On donne des milliards aux entreprises dans le cadre du CICE et des allègements de charge, on ne s’intéresse guère à l’évasion fiscale, on augmente les revenus des dividendes et on taxe davantage ceux du travail, on précarise l’emploi, on bastonne les exilés et on les pourchasse, on tolère nos pauvres et on en parle quand les températures descendent un peu. Mais il faut croire que les miettes distribuées çà et là aux opprimés pour avoir bonne conscience suffisent à maintenir la paix sociale. Les syndicats sont en effet aphasiques et sont incapables de remettre en question leurs méthodes d’action en proposant toujours une journée par ci par là de chants déambulatoires dans les rues. Journées qui ne mènent presque jamais à rien si ce n’est vous faire perdre des heures de salaire. Journées de manifestation qui ne servent presque jamais à rien mais qui permettent aux leaders syndicaux d’aller à Matignon dire « t’entends, ils sont pas contents » tout en veillant bien sur leur petite chapelle. Comment voulez-vous être associé, vous sentir concerné et penser que cela peut changer les choses si votre réaction se résume à chanter avec un drapeau une fois tous les trois mois ? Les agriculteurs et les routiers ont compris eux que la seule manière d’être pris en considération était l’action collective coordonnée bloquante ! Tout le monde se passerait volontiers de ce type d’actions mais il faut malheureusement constater que c’est désormais le seul langage qu’écoute nos gouvernements. Les images du 20 H lui font bien plus peur que la souffrance des gens ! Les syndicats sont utiles, ils sont indispensables et ils nous ont permis de gagner de nombreuses luttes mais qu’ils se remettent davantage en question. Qu’ils fassent de l’éducation populaire, qu’ils conscientisent davantage et ils verront alors qu’il leur sera plus facile de mobiliser.

 

Laissez MÉLENCHON tranquille et porter la parole de celles et de ceux qui ne font pas partie de la caste complotiste. Ne vous attardez pas naïvement, pour ne pas dire bêtement, sur une anecdote ou sur une erreur de communication. Là où lui peut commettre selon vous et moi, selon vous ou moi une erreur de communication d’autres, pour qui vous semblez avoir plus d’indulgence, vous caressent et vous complimentent depuis longtemps pendant qu’ils vous trahissent !

Alors je ne suis ni son fan, ni son disciple et je le critique ou l’approuve, c’est selon, mais je n’apprécie pas qu’on le lynche ainsi avec médiocrité comme si le pendre pouvait de surcroît enfouir une bonne fois pour toute les idées humanistes qu’il porte et qu’il sait si bien et si mieux que d’autres déclamer, réciter ou vociférer !

Merci M. MÉLENCHON et je finirai mon propos par un peu de provocation :

MÉLENCHON est mort, vive MÉLENCHON !

 

Hubert HURARD

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